L’œil du cyclone : ma boussole au cœur de la tempête
Comprendre le calme au cœur de la tempête
Quand je repense à mon parcours entrepreneurial, une image revient souvent : celle de l’œil du cyclone. Cette métaphore, empruntée à la météorologie, représente pour moi bien plus qu’un simple phénomène climatique. L’œil du cyclone est cette zone de calme absolu, nichée au cœur des vents les plus violents. Et c’est exactement dans cet espace mental que j’ai trouvé refuge lors de l’épreuve la plus difficile de ma vie : celle du cancer incurable de mon fils Ulric.
À 9 ans, Ulric a été diagnostiqué avec une tumeur cérébrale. Cette nouvelle a fait s’écrouler le monde autour de moi. Les journées sont devenues des tourbillons d’émotions et de responsabilités. Il fallait prendre des décisions médicales tout en maintenant mon entreprise à flot, et chaque instant semblait peser une éternité. Dans ce cyclone d’incertitudes, des pensées récurrentes me hantaient sans cesse : « Est-ce la dernière belle journée d’Ulric ? ». Je vivais chaque moment en me demandant combien de temps il lui restait. Et, en parallèle, je me projetais dans un avenir incertain : « Est-ce que je vais être capable de travailler après ? Je ne sais pas ce qui m’attend. »
Pratiquement 7 ans plus tard, je me souviens encore de ces pensées qui tournaient en boucle. Le temps d’Ulric était compté, et chaque jour me ramenait à cette réalité cruelle. Pourtant, chaque fois que je sentais que je partais en vrille, que la panique et le désespoir menaçaient de m’emporter, je revenais à cette image de l’œil du cyclone. C’était dans cet espace mental que je me ressaisissais, que je pouvais me calmer et me contrôler pour rester présente et fonctionnelle pour mes deux enfants.
Cette métaphore est devenue ma boussole. Quand tout autour de moi semblait incontrôlable, je retournais au centre de mon propre cyclone. Là, dans cet espace où les vents de la peur et de l’incertitude ne pouvaient pas m’atteindre, j’arrivais à reprendre le contrôle, à gérer la situation avec clarté et force. J’ai appris à trouver ce centre, cet œil du cyclone, même dans les moments les plus sombres. Il ne s’agissait pas d’ignorer la réalité, mais plutôt de m’ancrer dans un espace où je pouvais affronter les défis avec plus de sérénité.
Garder les pieds sur terre
Ce n’est pas la fin de la tempête qui importe, mais la capacité à rester ancré dans ce centre paisible, à danser avec les vents tout en gardant les pieds sur terre. En d’autres termes, il ne s’agit pas simplement d’attendre que les épreuves passent, mais d’apprendre à s’adapter, à trouver des solutions tout en étant conscient que certaines choses sont hors de notre contrôle. Voici quelques exemples concrets qui illustrent cette idée :
1. L’entreprise face à l’imprévu :
Lorsque mon fils est tombé malade, il était impossible pour moi d’être aussi présente dans mon entreprise qu’auparavant. J’ai donc dû déléguer certaines responsabilités à des membres de mon équipe en qui j’avais confiance, tout en continuant à superviser de loin. Cela m’a appris à accepter que je ne pouvais pas tout gérer seule, mais que je pouvais tout de même exercer une forme de contrôle en organisant et en priorisant ce qui était vraiment essentiel. J’ai dû danser avec ces vents imprévisibles, m’adapter à la nouvelle réalité, et accepter que certains projets soient mis en pause, tandis que d’autres pourraient évoluer différemment. Garder les pieds sur terre, c’était accepter cette flexibilité sans perdre de vue l’essentiel.
2. La prise de décisions éclairées dans la tourmente :
Quand on est dans l’œil du cyclone, il est facile de céder à la panique et de prendre des décisions sous le coup de l’émotion. Mais c’est justement là que cette métaphore devient puissante. J’ai appris que rester ancrée dans cet espace de calme intérieur me permettait de réfléchir avant d’agir, même lorsque tout semblait pressant et urgent. Par exemple, au lieu de me précipiter pour changer de fournisseur ou réorienter mes services à la première difficulté, je me recentrais, je prenais le temps de réfléchir aux conséquences à long terme et aux choix les plus judicieux pour la pérennité de mon entreprise. Cela m’a permis de ne pas prendre de décisions irréfléchies sous la pression.
3. La gestion des émotions :
Dans une tempête personnelle comme celle que j’ai vécue avec Ulric, il est naturel de se sentir submergé par l’émotion. Parfois, je me demandais comment je pourrais continuer à avancer, tant le fardeau était lourd. Mais dans ces moments-là, je me suis rappelé l’importance de trouver cet œil du cyclone, cet espace où je pouvais respirer, reprendre mes esprits, et me reconnecter à mes ressources intérieures. Par exemple, j’ai instauré des moments de pause dans ma journée où je me déconnectais volontairement du tourbillon d’appels, de décisions, et de problèmes, pour simplement être avec mes pensées, retrouver un peu de paix. Cela m’a permis de rester fonctionnelle pour mes enfants, pour mon équipe, et surtout pour moi-même. Cette capacité à gérer mes émotions, à « danser » avec elles sans les laisser m’emporter, a été clé.
4. La flexibilité comme force :
Un cyclone est imprévisible, et il en va de même pour la vie entrepreneuriale. L’une des leçons les plus précieuses que j’ai apprises est que la flexibilité est une véritable force. J’ai dû ajuster mes attentes, adapter mes projets, et trouver de nouvelles façons de faire avancer mon entreprise tout en étant présente pour Ulric. Cela a inclus le fait de revoir certaines stratégies, de réorganiser mes priorités et, surtout, d’accepter que certaines choses prennent plus de temps. Être flexible, c’était « danser avec les vents » de la situation, accepter l’incertitude et la transformation tout en gardant les pieds solidement ancrés dans ma mission et mes valeurs.
L’œil du cyclone te rappelle que tu as en toi un espace de calme, même lorsque tout semble être chaos
Ce n’est pas fuir la tempête ni la combattre de front, mais plutôt s’y adapter avec agilité, en trouvant un équilibre entre action et réflexion. C’est dans cet équilibre que réside notre force en tant qu’entrepreneurs et en tant qu’êtres humains.
Si vous traversez, vous aussi, des tempêtes dans votre parcours, rappelez-vous que l’œil du cyclone existe en vous. Cet espace de calme est la clé pour naviguer avec confiance, même dans les moments les plus tumultueux. La tempête ne s’arrête peut-être pas, mais vous avez toujours la capacité de choisir comment vous y engagez.
Planifiez une rencontre dès aujourd’hui pour découvrir comment mon accompagnement peut vous aider à naviguer à travers les nombreux défis de l’entrepreneuriat. Ensemble, nous apprendrons à cultiver le calme au milieu de la tempête de votre parcours entrepreneurial.
Annie Bahl - Guide d'affaires